Établir les règles dès le départ

Curieusement, établir des règles dans la maison donne aux enfants de la liberté. Ils savent quand travailler et quand jouer. Ils savent ce que vous attendez d'eux, parce que vous leur direz explicitement. Vous allez leur demander d'apprendre parce que c'est bon pour eux : choisir leur métier (pour les grands), pour découvrir des nouvelles histoires ou les notions qui les intéressent (pour les plus jeunes), apprendre à lire ou écrire pour les plus petits, en fonction de ce qui les intéresse le plus.

Les règles sont de deux natures

- les règles d'organisation : horaires, rendu des devoirs...
- les règles de comportement : savoir-être et savoir-vivre (respect de chacun, silence dans les pièces de travail, bonne humeur et capacité à travailler sérieusement...)

Dites à vos enfants ce qui compte, en organisation (un semainier accroché dans la cuisine permettra à chacun de s'y retrouver), comme en comportement. Tous les primaires ou presque ont dans leur classe des critères de comportement (couleurs, loup, numéros). Interrogez vos enfants et reprenez ce système pour eux. Vous pouvez aussi le demander à la maîtresse. Insérez-y les plus grands, avec les adaptations qui s'imposent à leur âge bien sûr.

Les règles sont valables pour tous

Les règles que vous allez donner aux enfants vous sont appliquées aussi. Si vous interdisez le téléphone à votre grande de 15 ans, ce n'est pas pour passer une demi-heure au téléphone avec votre copine pendant que vos enfants vous attendent pour réciter une leçon... Dur, dur, mais c'est comme ça.

Récompensez-réprimandez

N'oubliez surtout pas de féliciter vos enfants quand ils font bien les choses. Vous trouverez peut-être normal qu'ils fassent un exercice de math sans lever le nez, mais ça leur a peut-être demandé beaucoup d'effort.

Une récompense n'est pas forcément un cadeau, ou la permission de regarder un écran pour un temps donné. Graduez vos récompenses à l'effort : mot de félicitation, histoire lue aux petits, proposition de faire un jeu en famille... vous connaissez vos enfants, vous savez ce qui leur plaît. Pour les grandes récompenses : dîner préféré, se coucher plus tard, téléphoner à un ami, un cousin... Préparez-vous une batterie de récompenses, quitte à les écrire sur un carnet pour vous en souvenir, entre votre aîné de 15 ans et le petit dernier de 8 ans, ils y a toute une gamme possible. Je mettrai dès que possible en ressource des idées de récompenses. Après en avoir lu une dizaine, vous verrez votre imagination en trouver bien d'autres qui vous sont adaptées.

Malheureusement, c'est la même chose pour les réprimandes. Un gros mots que nous ne connaissons presque plus, par peur que nos enfants nous détestent. Ce n'est pas très à la mode. Et pourtant, quand nous réprimandons nos enfants (" Ce n'est pas bien "), ou quand nous les punissons, c'est pour eux le signe qu'ils ne sont sont pas indifférents et en tirent satisfaction. D'où le comportement de certains enfants et adolescents qui ne comprennent que ce mode de comportement pour que leurs parents s'occupent d'eux.

En fait, s'ils sont seulement félicités, cela manque de profondeur s'ils ne sont pas punis pour les manquements aux règles que vous avez établies. Comme pour les récompenses, les punitions doivent rester légères, symboliques, et graduées. Quand vous devez réprimander un enfant, gardez bien en tête que c'est par rapport au manquement à la règle, et non parce qu'il vous a déçu. Si vous le pensez, ou s'il le pense, cela restera une blessure pour vous deux. Ce n'est pas grave de manquer à la règle (ne leur dites pas), si ça leur permet de mieux la respecter le lendemain (par exemple commencer à travailler à l'heure dite).

Pensez à Mozart qui sommeille en lui (elle) et qui ne s'est pas encore révélé, pensez au nombre d'années qu'il vous a fallu pour atteindre votre - presque - perfection. Soufflez un grand coup. Sortez votre carnet de récompenses et punition et parlez à votre enfant avec calme en commençant par rappeler la règle enfreinte (s'il y en plusieurs, prenez la plus grave), et la punition que vous êtes obligés de donner. Si vous vous sentez trop énervés, dites simplement  : " Tu n'as pas respecté cette règle, tu seras puni ". Vous donnerez la punition quand vous serez calme. Elle aura plus de portée, et vous serez assuré de ne pas aller trop loin dans votre punition.

Vos enfants vont tester quelque jours votre capacité de résistance, puis vont intégrer vos règles. Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas parce que vous les réprimandez (même sans punition), qu'ils ne vous aimeront plus, même si vous ados vous le diront forcément... N'oubliez pas que vous les aimez, et que finalement, il est plus important d'être un parent aimant qu'un bon professeur. Après tout, ce n'est pas votre métier.

Moralité, il ne faut pas passer une seule journée sans féliciter un enfant, comme on ne passe pas un jour sans dire à son conjoint qu'on l'aime. Cela est particulièrement vrai si vous l'avez réprimandé ou puni dans la journée. Cherchez un motif de félicitation, et félicitez vote enfant.

Le soir, avant qu'il ne soit couché, vous pouvez aller discuter avec l'enfant que vous avez puni en lui expliquant que cela ne vous a pas fait plaisir de le punir, et que vous l'aimez même quand il désobéit, que vous avez confiance en lui et que vous savez que le lendemain, il saura bien faire. Même si votre enfant fait mine de ne pas entendre, je vous assure qu'il écoute et qu'il est rassuré de ce que vous lui avez dit.

Tout cela peut paraître un peu sec. Restons souples. Une "punition" peut être froncer les sourcils, de recopier trois mots, refaire un exercice proprement, demander pardon à un frère ou une sœur... L'objectif n'est pas de rabaisser mais de faire grandir.

à suivre : halte à la mauvaise humeur

crédit photo : board-Gerd Altmann-Pixabay

Retour à l'accueil